Moisson Outaouais dévoile un Bilan-faim 2023 préoccupant
Comparativement à 2019, deux fois plus de bénéficiaires des services de Moisson Outaouais possèdent un emploi. C’est ce qu’a annoncé l’organisme, le mercredi 25 octobre, au dévoilement de son Bilan-Faim 2023 doté de chiffres dits « historiques » sur l’aide alimentaire dans la région.
Cette année, on estime à 872 000 le nombre de personnes aidées chaque mois, soit une hausse de 30 % par rapport à 2022. À cause de l’inflation principalement, 18,5 % des bénéficiaires sont maintenant des gens avec un emploi, une hausse de 102 % depuis 2019.
Armand Kayolo, directeur général (DG) de Moisson Outaouais, insiste sur le changement de paradigme qui se pointe à l’horizon. Le portrait des demandeurs se diversifie. Toutefois, la demande pour ceux en situation financière ou sociale instable est toujours bien présente. « Ceux qui travaillent vont dans les banques alimentaires, ceux qui ne travaillent pas vont aller où ? C’est ça la grande question », déplore-t-il.
Une espèce de cercle vicieux s’est installé. Le panier d’épicerie coûte maintenant plus cher. Les ménages achètent dorénavant en premier pour eux. Les dons individuels sont donc à la baisse, et les banques alimentaires, moins remplies. Un peu plus de 70 % des banques déplorent avoir manqué de nourriture alors que 55 % d’entre elles en ont acheté pour répondre aux besoins de la population.
M. Kayolo emploie les mots : « situation de grande instabilité ». Plus précisément, il conçoit qu’il y a une grande demande à laquelle il faut répondre dès maintenant, mais il faut aussi voir ce qui s’en vient sur le long terme, dans une réalité de plus en plus volatile et dans laquelle « les donateurs sont essoufflés ».
« Ce qui est important ce n’est pas de voir le chiffre augmenter chaque année, de faire un point de presse, et puis après une semaine c’est fini, on n’en parle plus. », mentionne-t-il.
Appel à une réflexion
M. Kayolo appelle à une réflexion sérieuse sur la manière de faire les choses. Les parties prenantes qui luttent contre l’insécurité alimentaire, que ce soit sur le plan régional ou provincial, public ou académique, doivent s’asseoir et avoir des discussions tangibles. « Quand on dit l’église au milieu du village, ça pourrait peut-être être la banque alimentaire au milieu du village », lance le DG de Moisson Outaouais.
En tout, 24 millions $ avaient été demandés à Québec pour les banques alimentaires. De ce nombre, le provincial n’en a accordé, à l’heure, que 6 millions $, qui ont déjà été dépensés. Les 19 Moissons québécoises unissent désormais leur voix pour réclamer haut et fort les 18 millions $ restants.
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