Crise du logement
Pour le FRAPRU, politiquement, il va falloir frapper fort
Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) enjoint Ottawa et Québec à faire de la crise du logement une priorité budgétaire en 2023 pour éviter toute catastrophe sociale dont il énumère les raisons et les orientations à prendre.
« On se prépare à une bombe à retardement », alerte la porte-parole de l’organisme, Véronique Laflamme.
Le FRAPRU interpelle les responsables politiques sur la crise du logement qu’endurent tout particulièrement les locataires à faible et modeste revenus. « L’écart s’agrandit entre l’offre du marché et les demandes des ménages locataires mal logés », s’inquiète l’organisme.
Les gouvernements provincial et fédéral doivent prioriser leur budget en planifiant le financement de 50 000 nouveaux logements sociaux en cinq ans, sous forme de constructions neuves ou par l’achat d’immeubles locatifs bâtis et leur transfert à des coopératives, des OSBL ou/et des offices d’habitation.
Cette crise âpre et multifactorielle découle de la pénurie de logements locatifs, la spéculation immobilière, la hausse rapide des loyers, et de l’augmentation des évictions frauduleuses. Parmi ces dernières, l’on trouve les « rénovictions » ou l’art d’évincer un locataire sous le prétexte fallacieux de rénovation.
Basé à Montréal, le Front d’action populaire en réaménagement urbain possède également une antenne gatinoise. La crise du logement impacte toutes les aires urbaines avec des nuances voire des différences marquées.
Le cas problématique de Gatineau
En 2021, le taux d’inoccupation pour Gatineau a été de 1%, soit trois fois plus bas qu’à Montréal, nous informe la Société canadienne d’hypothèques et de logement.
« Le taux d’inoccupation représente un bon indicateur du logement. Autour de 3%, on considère qu’on est dans une zone d’équilibre du marché. Quand on descend sous la barre des 3% on se trouve dans une situation de déséquilibre. Quand on descend sous les 2%, on est dans une situation de crise », expliquait, à notre journal, le directeur général de la Fédération Intercoopérative en Habitation de l’Outaouais (FIHAB), Raphaël Déry, à l’automne dernier.
À Gatineau, la rareté de logements locatifs met les locataires vulnérables en concurrence avec de nouveaux travailleurs venus d’Ottawa, voire du reste de l’Ontario, qui exercent une pression sur les prix. L’abordabilité des appartements décroît conséquemment.
La cherté des loyers, combinée maintenant à la hausse générale du coût de la vie, compromet la capacité de paiement de nombreux ménages locataires. « Gatineau est l’une des villes les plus chères au Québec. Les loyers moyens y sont plus élevés qu’à Montréal », ajoute Mme Laflamme.
Au Québec, au Tribunal administratif du logement, les cas de non-paiement de loyer sont, d’ailleurs, en hausse. « Les personnes mal-logées en quête de logement décent abordable, sont actuellement abandonnées à leur sort, puisque le manque criant de logements sociaux ne se résout absolument pas », s’inquiète-t-elle, rappelant les longues listes d’attente pour accéder à un HLM, une coopérative ou un organisme sans but lucratif d’habitation.
Donner un coup de barre
Pour le FRAPRU, il faut rapidement donner un coup de barre, d’autant plus que les logements privés mis en chantier sont trop dispendieux pour la moyenne des foyers. « On finance avec des fonds publics, des logements à plus de 2000 $ par mois, alors que 177 000 ménages locataires du Québec ont des besoins impérieux de logements, sans compter les milliers de personnes en situation d’itinérance », s’impatiente Mme Laflamme, dont l’organisation demande qu’Ottawa réoriente ses investissements en habitation vers le logement sans but lucratif.
Quant au gouvernement du Québec, il avait choisi depuis 25 ans, de soutenir le développement du logement social. Cependant, il a amorcé l’an dernier un important changement de cap, que dénonce le FRAPRU. « Seulement 500 nouvelles unités ont été programmées dans AccèsLogis, au cours des 4 derniers budgets, pour tout le Québec ; du jamais vu. Quant aux 1700 unités financées avec le nouveau Programme d’habitation abordable Québec, elles sont déjà toutes attribuées », se désole Véronique Laflamme.
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